Directeur exécutif, LaAgencia, Madrid
“Elvis m’a toujours fasciné. C’est incroyable à quel point il semble toujours être au-dessus de tout et tout le monde, peu importe ce qu’on pensait de lui. J’aime ces concerts à Las Vegas o๠il oublie ses propres chansons et leurs paroles, o๠il invite les gens à simplement s’amuser: c’est Las Vegas et les filles du choeur sont magnifiques. Elvis est au-dessus de tout. Et évidemment, il est toujours vivant, il a juste été kidnappé par des extra-terrestres. Vous auriez fait pareil si vous deviez kidnapper quelqu’un avec votre soucoupe volante, n’est-ce pas? Le projet Libres Para Siempre (Toujours Libre) m’a enseigné deux choses. La première, c’est que je dois me consacrer entièrement à ce business des arts des nouveaux médias. La seconde, que je dois être comme Elvis. J’ai suivi ces deux enseignements à la lettre et j’ai fini par adhérer à leur projet. J’ai beaucoup appris, et depuis que je m’y suis dévolu, ma vie est un désastre. Chercher à comparer art des nouveaux médias et Beaux Arts révèle quelque chose de névrosé. Il y a un besoin de reconnaissance par la figure du père, nous mettant dans une position freudienne, et la question est de savoir si, en fait, ce complexe serait un problème messianique - l’absence d’un messie pour guider, révéler et valider le travail réalisé. Peut-être avons-nous besoin d’un guide-père-messie, d’un Duchamp ou d’un Picasso nous léguant une vérité éclairante. Pourtant je me souviens qu’au tout début le but était de s’éloigner de tout cela, des structures établies et de toutes leurs vérités. Nous voulions plus que tout créer un espace o๠nous pouvions être aussi libres qu’Elvis. La question “Qu’est-ce qui rend les arts des nouveaux medias si différents, si séduisants?” suggère une comparaison évidente, et celle-ci est en elle-même névrotique par sa réitération. Notre intérêt, chez LaAgencia, est de produire de la connaissance. Le reste n’est que tactique et stratégie pour y parvenir, quand il ne s’agit pas simplement d’une toile de fond. Nous trouvons ridicule de réfléchir sur le monde sans réfléchir sur notre relation avec la technologie et la machine, partie intégrante de notre Ego ou Superego. Et par ailleurs, on s’amuse beaucoup. Une question technique: nous ne savons pas avec certitude si LaAgencia est une entreprise artistique travaillant exclusivement avec la technologie, ou une entreprise technologique s’intéressant au paradigme de l’art. Mais ça n’a pas d’importance, tout ce que je veux c’est être Elvis.”