Anarchronisme

13 Mai - 14 Juin 2015
Anarchronisme

Time-disrupting machines

L'exposition Anarchronisme propose d'approcher la création contemporaine à travers un mot-valise qui, de par ses composants, amène une certaine confusion : l'erreur (délibérée ou non) de l'anachronisme rencontre le chaos et l'autonomie de l'anarchi(sm)e. La compression des deux mots permet d'appréhender des œuvres elles-mêmes résultats de compressions, proposant des bifurcations temporelles matérialisées par des artéfacts et dispositifs difficiles à dater.

L'anarchronisme s'inscrit dans une constellation de notions qui mettent en tension temps, technologie et mémoire (l'archéologie des médias, le rétro-futurisme, la "rétromania", le "néo-analogique" ou le post-internet...), sans toutefois recouvrir entièrement une ou plusieurs d'entre elles. En résultent des propositions qui décâblent et recâblent sauvagement les relations entre numérique et analogique, entre vernaculaire et rétro, entre innovation et obsolescence, entre médias de masse et matériels, logiciels et protocoles faits maison.

L'exposition est traversée par les interactions entre numérique et mémoire. La technologie numérique promue comme permettant l'accès aux données pour l'éternité ne remplit pas sa mission, et des artistes mettent en jeu, sous plusieurs modes conceptuels et plastiques, certaines de ces interactions : encodage et décodage des données, perte d'information, capture de flux, jeux d'échelles...

Chaque œuvre présentée dans l'exposition modifie à sa façon les modes opératoires des couches successives de technologies numériques ou analogiques courantes : invention de nouveaux supports pérennes de stockage ("1.8s") ou de manière de coder et décoder l'information ("SKOR Codex"), retour à des usages moins usuels de médias de masse (ici la cassette audio utilisée pour stocker du code) en les hybridant avec des éléments plus contemporains ("LogForData"), voire création d'un nouveau mode de lecture de supports existants (avec la bande magnétique lue par un traceur de "REMAP").

Une autre direction concerne la matérialisation d'informations numériques, avec l'historique d'une page de Wikipedia qui prend la forme d'une encyclopédie papier ("The Iraq War: A History of Wikipedia Changelogs"), le grognement d'un ours brun des Pyrénées (espèce en voie de disparition) enregistré en mp3 (format populaire, cependant en voie d'obsolescence) qui devient une plaque en granit gravée ("Stèle binaire"), l'histoire imbriquée des technologies et des idées qui se croisent au sein de diagrammes et de cartes de tarot ("Hexen 2.0"), ou, au contraire, dématérialisation d'une forme analogique, avec un serveur caché dans un livre ("The Weise7 in/compatible Laboratorium Archive"). Ce jeu sur la matérialité se retrouve dans le passage du numérique à l'analogique et vice-versa avec le processus récursif d'imprimer et de scanner ("Copies non conformes").

Enfin, certaines œuvres proposent un changement de perspective : la place de l'humain dans la technologie en recherchant des formes de computation et de programmation où la Terre est l'ordinateur ("Sketches for an earth computer"), la transformation de déchets d'équipements électroniques en armes rudimentaires ("Refonte") suggérant une préhistoire du futur, ou bien la perspective au sens littéral par un scan mécanique d'un buste ("Trace I").

Artistes: Cécile Babiole (FR), Jean-François Blanquet (FR/BE), Balint Bolygo (HU/UK), James Bridle (UK), Collectif Dardex (FR), David Guez (FR), Martin Howse (UK/DE), Flo Kaufmann (CH), Signal to Noise (UK), Société Anonyme (NL), Suzanne Treister (UK) en Weise 7 (DE).

Infos Pratiques

Exposition:
15 mai - 14 juin 2015
Mercredi - dimanche, 13:00 - 18:00

Finissage & performances
Dimanche 14 juin
19:30 - 22:30

Entrée gratuite!

Visites de groupe
02 410 30 93
info@imal.org

Adresse: iMAL
30 Quai des Charbonnages / Koolmijnenkaai
1080 Bruxelles

Galerie Média

Crédits

Anarchronisme est conçue par Anne Laforet et Yves Bernard (iMAL), sur une proposition d'Anne Laforet.

Anarchronisme est produite par iMAL et s'inscrit dans une programmation en 2015 d'une série d'événements (expositions, colloque, ateliers...) dédiés à la mémoire et au patrimoine numérique à l'ère digitale, en collaboration avec PACKED, le centre d'expertise pour le patrimoine numérique.

Anne Laforet est chercheure, enseignante, artiste et critique. Elle est docteure en sciences de l'information et de la communication. Sa thèse a été publiée en 2011, "Le net art au musée. Stratégies de conservation des œuvres en ligne" (éditions Questions théoriques). Ses thématiques de recherche sont principalement la conservation et la documentation des arts numériques, l'anarchronisme, les relations entre analogique et numérique, l'internet, le logiciel libre et les pratiques artistiques collaboratives. Depuis 2011, elle enseigne à la Haute école des arts du Rhin à Strasbourg. Plus sur http://www.sakasama.net/